
En Montagne…les oiseaux qui accompagnent nos rando#2
Dans le précédent article, nous avons découvert quelques oiseaux des étages montagnard et sub-alpin que l'on peut rencontrer lors de nos randonnées. Continuons ensemble cette escapade vers les hauteurs de la montagne. Sortons des Cembraies et Landes à Rhododendrons et genévriers pour arriver à l'étage alpin où roches et estives composent le paysage.
En montagne, les grands espaces des alpages où le couvert forestier a disparu, sont moins propices pour les petits animaux. En particuliers, les passereaux qui trouvent moins d'abris contre les menaces. Ce lieu est le terrain de chasse favori des prédateurs et donc des oiseaux de proies : Les Rapaces. En effet, ce terrain ouvert permet de chasser avec une visibilité maximale et donc une chance accrue de trouver une potentielle proie.
- Le Faucon Crécerelle :

Avec la buse, le faucon crécerelle est le rapace diurne le plus commun en Europe et le seul qui niche jusque dans le centre des très grandes villes dans une grande variété de sites, y compris les toits de bâtiments et les cavités des arbres. Vous l'avez tous aperçu au moins une fois, peut-être sans le savoir mais il est présent à tous les étages de végétation (excepté à l'étage nival, au dessus de 3000m, où il ne fait que passer occasionnellement).
Il est facile à reconnaître grâce à son habitude de voler sur place pour repérer ses proies. On le voit aussi planer, les ailes immobiles, face au vent. Le vol sur place lui permet d'examiner rapidement de vastes étendues de terrain et de piquer sur sa proie. Cette technique de « vol stationnaire » est typique de l'espèce. Le faucon plane haut dans le ciel, presque immobile au-dessus de sa proie insouciante, puis il plonge en piqué sur la proie repérée. Le faucon crécerelle se sent autant chez lui à la campagne que dans un environnement urbain.
Il mange surtout des rongeurs (campagnols), de gros insectes, des lézards, des grenouilles et des lombrics, mais capture aussi des petits passereaux par surprise.
Le Saviez-vous ? Quand un faucon crécerelle se met en vol stationnaire, on dit qu'il « fait le saint-esprit ».

- L'aigle Royal :
Connu de tous, l'aigle royal est considéré comme le roi des rapaces. Zoom sur ce magnifique et étonnant oiseau d'altitude !
Au dessus des alpages, observez le ciel...


Il est reconnaissable à sa silhouette particulière, arborant une envergure impressionnante pouvant atteindre 2.30m. Cette silhouette n'est pas sans rappeler à distance celle d'une buse qui aurait de longues ailes à 6 doigts. Les ailes sont longues et larges et la longueur de la queue équivaut à peu près à la largeur de l'aile. Le plumage brun sombre paraît assez uniforme à distance. Son cou et tête (appelé camail) sont plutôt de couleur brune dorée (à rousse).
Des capacités physiques hors norme !
Ce majestueux rapace jouit d'une vue perçante, de l'ordre de huit fois plus développée que celle de l'Homme. Avec son agilité et habileté impressionnante, il est le grand prédateur des marmottes, des lapins, des belettes ou encore des renards et même des agneaux. L'aigle royal, est un rapace prédateur parmi les plus puissants du monde puisqu'il se hisse juste derrière la harpie féroce. Il peut en effet enlever tout représentant de la faune alpine pesant jusqu'à deux fois son propre poids ! A cela s'ajoute un vol ultra rapide (120 km/h) atteignant en piqué 320km/h, concurrençant ainsi le faucon pèlerin sur ce terrain « Guinness book ».
Il est exclusivement montagnard en France.
Il va se reproduire dans les falaises ou les arbres. La hauteur du site varie
entre 200m et plusieurs centaines de mètres Un individu peut atteindre l'âge de
25 ans. Protégé depuis 1981.
Le Saviez-vous ? Deux semaines après l'éclosion des œufs, il ne subsiste généralement qu'un seul aiglon, le plus résistant de la portée, car les petits sont très agressifs les uns envers les autres. Ce phénomène fréquent chez les rapaces diurnes est nommé le caïnisme.

· Le vautour fauve :
Un autre grand rapace que l'on peut aisément admirer si il décide de prospecter la montagne que l'on arpente...


Oiseau planeur; lourd et massif, il utilise le courants ascendants thermiques pour planer et peut parcourir ainsi des centaines de kilomètres à la recherche de nourriture. Ainsi, il n'est pas étonnant de le voir planer au dessus de La Vanoise, alors que la colonie qui niche le plus au nord des Alpes se situe dans le Vercors (Diois). Son plumage est de couleur fauve, et sa tête entièrement couverte d'un duvet blanc. Son poids varie de 6 à 10kg, et son envergure atteint les 280 cm.
Le vautour fauve est un équarrisseur naturel incapable de tuer un animal vivant. Ses serres sont peu puissantes et non adaptées à la préhension comme celles de l'Aigle royal. Doté d'une excellente vue, il repère un cadavre d'un animal domestique (mouton) ou sauvage (chamois, bouquetin) à plusieurs kilomètres d'altitude. Un groupe de vautour met quelques minutes pour nettoyer une charogne.
Ils sont spécialisés dans l'élimination des cadavres éradiquant ainsi les maladies.
Leur
anatomie est adaptée à cette nourriture :
-le bec est crochu pour entamer les chairs
-le cou recouvert d'un fin duvet se nettoyant facilement
-Leur système digestif acide favorise l'élimination de bactéries et leur permet ainsi d'assimiler la viande putréfiée sans dommage.
Le Saviez-vous ? Les vautours, très farouches,
ne se risquent à approcher une proie que quand il n'y a plus de danger. Les
grands corbeaux sont souvent les premiers sur une charogne. Un grand corbeau...C'est
le signal !

- Le Gypaète Barbu :


Le Gypaète barbu est l'une des quatre espèces de vautours présentes en France et l'un des plus grands rapaces d'Europe.
On reconnaît le gypaète surtout à sa queue en
forme de losange, à son envergure exceptionnelle atteignant presque 3m (c'est un des plus grands oiseaux d'Europe), à sa couleur caramel. Il
possède un iris de couleur paille, entouré d'un cercle orbital rouge.
Ses moustaches (ressemblant à une barbichette) qui descendent sous le bec, appelées
« vibrisses », permettent de le reconnaître même de loin.
Considéré comme un prédateur sanguinaire à cause de son cercle rouge orbital et son plumage de poitrine orangé (semblant être tâché de sang), le « vautour des agneaux » a été impitoyablement persécuté. Quasiment disparu des Alpes au siècle dernier, il compte quelques dizaines de spécimen à ce jour, après une réintroduction depuis près de 25 ans.
Espèce strictement nécrophage, le Gypaète se nourrit principalement des restes osseux qu'il prélève sur des cadavres d'ongulés domestiques ou sauvages, tels que ceux des moutons, chèvres, chamois, mouflon ou bouquetin. Les ¾ de son alimentation sont constitués d'os et de ligaments(les os sont 15% plus riches en éléments nutritifs que la chair).
Grâce à son gosier large et élastique, le Gypaète peut avaler des os longs de
30 cm et les digère grâce à des sucs gastriques très efficaces. L'oiseau monte jusqu'à 100 m puis les lâche sur
un rocher afin qu'ils se cassent. Il peut s'y reprendre à de nombreuses
reprises avant d'arriver à ses fins. C'est pourquoi l'oiseau est appelé casseur
d'os en Espagne.

Le Saviez vous ? Les bains dans les eaux ferrugineuse explique sa couleur orangé sur la poitrine.
Ces grands espaces d'alpages, où les abris sont rares, permettent tout de même à quelques espèces d'oiseaux de trouver refuge et nourriture, faisant même de cet environnement leur unique lieu de vie. C'est le cas de quelques passereaux qui se sont spécialisés dans un mode vie particulier, ou de galliformes...
- Le Lagopède Alpin :

« La perdrix des neiges », d'origine arctique, est vraiment un oiseau typique des hautes altitudes. Totalement rendu invisible par son camouflage, on ne remarque sa présence qu'à son chant/cri typique. Ce « caquetage » rauques et prolongé résonne dans les alpages et pentes rocailleuses d'altitudes (2000-3000m).
Si l'on veut l'apercevoir, il faut être très attentif au niveau de l'ouïe lorsque les sentiers arrivent dans ces secteurs. Parfois, il nous fait un cadeau en le croisant sur une crête proche du sentier que l'on empreinte.
Le lagopède alpin mue jusqu'à trois fois par an pour s'adapter visuellement à son environnement. Ce mimétisme lui assure une protection efficace contre les prédateurs. On parle d'homochromie avec son milieu. Ainsi, une chute de neige précoce peut permettre de le repérer plus facilement (son plumage n'ayant pas eu le temps de s'adapter...). Dans ces conditions, dans un lieu où l'on sait qu'il habite, on a de grande chance de l'apercevoir !
Sauf
période de reproduction, on peut l'observer en groupes : plus le nombre
d'individus est important, plus la protection contre les rapaces (notamment
l'aigle royal) est assurée.
Son nid est au sol, généralement placé dans un affleurement rocheux garni d'un
peu de végétation.


- L'Accenteur Alpin :

Vous arrivez dans l'alpage, il vous semble entendre chanter une alouette des champs...peu probable à cette altitude... Ce cri roulé est celui de l'accenteur Alpin. Perché sur un petit rocher ou simplement à même le sol, il est là, tout proche....Ce passereau accompagne souvent vos escapades d'altitudes. Sa compagnie est forte agréable.
Il est plutôt corpulent (18cm env.) et lorsque l'on peut l'observer de près, l'on aperçoit qu'il est bien coloré (contrairement à l'accenteur mouchet plus terne, également plus petit). Avec sa tête grisée, la base de son bec jaune est bien visible et sa gorge blanche est typiquement pointillée de noir. Ses flancs sont striés de larges flammèches rousses à marron.
C'est une espèce caractéristique des hautes-montagnes qui vit au dessus de la limite des arbres dans les alpages avec des affleurements rocheux où il trouve insectes et petits vers. Il redescend dans les vallées en hiver où les zones agricoles lui offrent des végétaux, dont des graines, pour s'alimenter à cette période.
Le saviez-vous ? L'accenteur alpin est facile à approcher, même de près. Ce trait de comportement apparaît chez les oiseaux dont l'habitat se situe reculé de celui des humains.

- Le Chocard à bec jaune :

Alors en plein effort, ce sont souvent ses cris stridents qui nous font « relevés » la tête, nous indiquant l'arrivée imminente sur les crêtes ou sommets approchants... Bien connu des randonneurs ce corvidé, noir comme un corbeau, est très commun en haute montagne.
Les Chocards à bec jaune fréquentent les pâtures de haute montagne, avec des façades de falaises et des ravins rocheux. Très sociable, il se déplace en grandes troupes qui profitent des ascendances thermiques pour chercher leur nourriture. Opportuniste, à cette altitude, il mange se qu'il trouve : insectes, œufs, petits invertébrés, charognes de rongeurs, graines, etc. Il aime « passer derrière » les randonneurs après leur pique nique sommital. Il nous tient même compagnie avant notre départ.
Le saviez-vous ? C'est un véritable cascadeur, exécutant de véritables vols acrobatiques avec glissades, vrilles, et piqués avec les ailes repliées. Profitant des mouvements d'air rapides, il aime aussi planer.

Nous terminerons notre petite rando ornitho par un oiseau très discret mais tellement beau et particulier : L'oiseau papillon... accroché aux parois rocheuses.
- Le Tichodrome échelette :

Qui siffle de manière si mélodieuse dans ces lieux inhospitaliers où règne la verticalité ? Soudain, il apparaît, là, tout près, accroché à la paroi grâce à ses pattes aux longs doigts pourvus de griffes.
Passereau de la taille d'un moineau, le Tichodrome échelette est reconnaissable à ses larges ailes noires et arrondies en vol comportant de grandes zones rouge sang et deux séries de taches blanches sur leurs faces inférieures. Ce volatile ne se laisse pas admirer facilement. Son camouflage est quasi parfait : son plumage de couleur grise se confond dans les rochers. À distance, il passe aisément inaperçu. Seules ses tâches rouges le trahissent si l'on est attentif dans les passages rocheux que l'on rencontre sur notre chemin.
Voletant de place en place tel un papillon pour prospecter la paroi à la recherche de sa nourriture. Son long bec retourné lui permet d'atteindre les insectes dans les fissures des rochers. Il grimpe le long des parois rocheuses en écartant ses ailes lui servant d'appui par mouvement saccadés
Fréquent entre 1000 et 3000 mètres d'altitude, il niche dans les crevasses rocheuses, généralement dans les reliefs des Alpes et des Pyrénées, mais on peut l'apercevoir dans le Jura et le Massif Central.
Le saviez-vous ? En hiver, « ce grimpeur de murs » peut voyager loin de ses montagnes natales. On peut même l'observer jusque sur des sites artificiels comme les Tours de Notre Dame de Paris ou les remparts du château d'Angers.


Vous souhaitez découvrir et admirer ces beaux oiseaux sur le terrain, alors n'hésitez pas à programmer vos futures rando ornitho. Je me ferai une joie de vous guider et vous faire découvrir ses espèces emblématiques de nos forêts/montagnes, voir info ci dessous:
Vous n'avez pas trouver l'oiseau que vous recherchez, peut-être se trouve-t-il dans mon article 1er Tome "nos oiseaux rencontrés en rando", ci-dessous: