En Montagne…les oiseaux qui accompagnent nos rando#1
Durant nos
randonnées en montagne, bon nombre d'oiseaux viennent agrémenter de souvenirs
ces moments d'escapade. Voir un oiseau voler, n'est-ce pas voyager, s'évader avec lui, passer de 2 à 3
dimensions ? Apprenons à les connaitre...
Que ce soit en admirant un volatile coloré sur une branche ou tout simplement une silhouette volant dans le ciel mais aussi en écoutant un chant mélodieux, les oiseaux sont surprenants !
Mais souvent nous « passons notre chemin » trop rapidement parce que nous les connaissons peu. Savoir admirer leur comportement, leur beauté mais aussi leur adaptation à leur milieu, cela marque les esprits par de belles émotions. Voici quelques astuces et notions pour vous aider à apprécier à sa juste valeur ces belles rencontres :
Découvrons ensemble quelques spécimens durant un parcours d'abord forestier où les oiseaux se font discrets... pour arriver ensuite dans les alpages et finir sur les crêtes sommitales où les oiseaux planent...
Nous commençons notre découverte ornithologique par une espèce purement forestière. En effet, c'est souvent un des premiers à entendre quand nous commençons notre ascension.
- Le Pic Noir :


Son cousin le pic vert bien connu dans nos campagnes ne vit
pas dans nos forêts de montagne. Un tambourinage sur un tronc d'arbre sec, il
s'agit surement du Pic noir ! Son tambourinage constitué par la percussion
de son bec peut être audible à près d'un kilomètre. Constamment en mouvement,
vous l'avez surement entendu quand il passe d'un arbre à l'autre avec un crie
très puissant. C'est le plus grand des pics.
Aisément reconnaissable par sa
couleur entièrement noire et sa calotte rouge vif s'étendant du front jusqu'à
l'arrière de la nuque. Il se nourrit de fourmis et de larves grâce à son bec
puissant perforant le bois et sa longue langue visqueuse qu'il introduit dans
les trous et galeries creusés dans le bois par les insectes xylophages.
Il niche dans une cavité creusée dans un grand arbre au tronc important, généralement vieillissant ou affaibli. Une fois abandonnés, les anciens trous de pics sont occupés par d'autres oiseaux (chouettes de Tengmalm, mésanges, sittelles) mais aussi par des rongeurs, des martres et même par des abeilles et des guêpes. Avec ses deux doigts à l'avant et les deux autres à l'arrière, le Pic noir est un grimpeur averti, s'agrippant à l'écorce des arbres à l'aide de ses ongles pointus.
Le saviez vous ? Le Pic noir ne subit pas de traumatisme crânien grâce, en partie, à sa longue langue enroulée à l'arrière de son crâne jouant le rôle d'amortisseur (avec d'autres muscles).

- La Mésange à longue queue :

Malgré son nom, ce n'est pas une véritable mésange et n'appartient pas à la même famille que les autres mésanges. On l'appelle aussi Orite à longue queue.
Avec cette queue démesurément longue et son plumage noir, crème et rosé, elle est facile à identifier.
Hormis pendant la nidification, cet oiseau est assez grégaire et c'est d'ailleurs grâce à cela que l'on arrive à la repérer dans nos sous-bois. Sa taille minuscule lui permet de très bien se camoufler dans son milieu mais elle se fait remarquer par son nombre d'individus, qui constitue un groupe de 8 à 15 individus, et passant d'arbre en arbre. Peu discrètes si l'on temps l'oreille lors de nos escapades forestières, les mésanges à longue queue conservent entre elles en permanence un contact vocal par des cris fins, aigus et élevés « tsii-tsiitsii ».
Ces groupes rassemblent les parents et les jeunes de l'année. Cette association facilite la recherche des chenilles et autres insectes, ainsi que le repérage des prédateurs. On peut les observer dans leur incessante activité faite d'acrobatie, dans les arbres et les arbustes.
Le nid est remarquable, d'une architecture très soignée. Accroché à un arbre ou arbuste, il est fait de mousse, lichens, fils de toiles d'araignées et sa forme est en forme de boule allongée. L'intérieur est couvert d'une grande quantité de petites plumes (jusqu'à 2500). C'est aussi ce qui les distingue des autres mésanges qui nichent dans une cavité.
Le saviez-vous ? La mésange à longue queue est l'oiseau qui possède la plus longue queue par rapport à sa taille.

Le parcours forestier et plus haut encore, peut passer à côté d'un torrent et c'est là qu'il faut être attentif. Vous pourrez alors surprendre un oiseau très surprenant.
- Le Cincle plongeur :

Le Cincle plongeur est facilement
reconnaissable avec son plastron blanc. Ce petit « Merle d'eau » vit
dans les cours d'eau peu profonds et rapides des reliefs. Nous pouvons le
surprendre quand il passe d'un rocher à l'autre, ressortant de l'eau après ses
« plongées ».
En effet, le cincle plongeur tient son nom
du fait que, parfaitement adapté à la vie aquatique, il est le seul oiseau
chanteur capable de nager et de plonger. Afin de se nourrir, il se
déplace sous l'eau à l'aide de ses ailes et fouilles le fond avec son bec et
retourne les graviers pour trouver des invertébrés. Il est même capable de
marcher au fond. Il plonge aussi en hiver, en sautant du bord de la glace.
Généralement
solitaire ou en couple, il est également sédentaire et occupe un même
territoire toute l'année, même lors des hivers froids.
En cherchant bien, derrière une petite cascade, une cavité abritée au flanc
d'une paroi rocheuse ou d'un mur et à proximité de l'eau, nous pouvons avoir la
chance de trouver son nid.
Le saviez-vous ? Pour nager sous l'eau, une membrane bouche ses narines et une lui sert de « masque de plongée» pour ses yeux.

- Le grand Corbeau :

Nous connaissons tous ce "praak-praak" grave qui résonne au dessus des forêts d'altitude. Mais qui est ce corvidé si intelligent capable de résoudre des problèmes avec des outils?
Le grand corbeau est le plus grand corvidé (après son cousin africain le corbeau corbivau), avec une envergure atteignant parfois 1.50m. On l'observe planer comme un rapace dans les courants thermiques à haute altitude et faire des acrobaties (loopings et mouvements élaborés) en vol. On peut parfois le confondre avec les autres grands corvidés noirs mais qui sont de taille bien inférieure (pour la corneille et le corbeau freux). Mais pas de doute en altitude, il s'agit du Grand corbeau ! Celui-ci peut descendre proche des vallées (voir des villes) et se distingue entre autre par son vol caractéristique et son crie plus grave.
Il niche sur les falaises ou dans de grands arbres. Les couples restent ensemble toute l'année et souvent toute la vie.
Le grand corbeau se nourrit principalement de charognes. Mais il consomme aussi des petits animaux (amphibiens, petits mammifères, oiseaux...). Il consomme aussi de la nourriture végétale, ce qui fait de lui un omnivore et donc au comportement opportuniste.
Le saviez-vous : Parce qu'ils sont plus forts à deux, le corbeau et le loup peuvent unir leurs forces. L'un repère les proies et l'autre les attaque. Un bel exemple de collaboration créative et ingénieuse.

Nous avançons sur le parcours pour bientôt sortir de la forêt déjà constituée essentiellement de résineux, là où l'on trouve des milieux ouverts alternés de milieu fermés et boisés.
- Le Merle à plastron :

Une espèce inféodée (en lien étroit) à la limite
supérieure des forêts de résineux et de leurs lisières. L'identification est
aisée. En effet, le plumage du Merle à plastron correspond grossièrement à
celui du Merle noir avec une grosse bavette blanche trônant sur la poitrine.
Cependant, le merle à plastron n'a pas de cercle orbital jaune mais
présente des liserés clairs sur les plumes des ailes et du bas-ventre. La femelle a un plumage aux couleurs
moins nuancées que le mâle (dominante brune).
Oiseau craintif et prudent mais qui se tient plus à découvert que le Merle noir, perché au sommet d'un buisson ou d'un arbre. Donc approchant des lisières, observez ces perchoirs, peut-être qu'il sera là...?
Dans cet habitat, nous pouvons entendre son chant aux notes flûtées, accentuées et séparées de courts silences. Le phrasé est parsemé de courts gazouillis, rappelant celui de la grive musicienne mais son chant est moins mélodieux. Les cris ressemblent beaucoup à ceux du Merle noir.

- Le Cassenoix moucheté :

Ce
charismatique corvidé montagnard, de la « zone de combat » (où vivent
les derniers arbres ), est un
fervent amateur de pignons d'aroles (pin Cembro) et de noisettes qu'il
dissémine dans des cachettes retrouvées presque à coup sûr, même à travers une
épaisse couche de neige l'obligeant à creuser un tunnel.
Le Cassenoix moucheté
est aussi timide que son cousin le Geai des chênes. On l'entend plus souvent
que l'on ne le voit il n'aime pas voler à découvert. Son cri rauque résonne depuis la cime des
arbres. Il surmonte sa crainte et sort dans la forêt le matin pour se gaver. Il
est capable d'en remplir son jabot au point d'être gêné pour voler jusqu'à sa
cachette.
Il doit son nom à la puissance de son bec lui permettant de fracturer les coquilles ou les pignes de pins. Son plumage est brun tacheté de blanc sur le dos et la face inférieure du corps. Les ailes sont brun-noir. La silhouette est assez massive avec une queue noire à l'extrémité blanche sur le dessus et entièrement blanche sur le dessous.
Le Saviez-vous ? Comme l'écureuil qui enterre ses réserves pour l'hiver, malgré une excellente mémoire, il oublie parfois quelques graines par ci par là...faisant de lui un disséminateur de graine et un rôle très important dans son environnement.

Nous approchons des pelouses alpines traversant cette mosaïque végétale d'habitats. A partir de ce moment, nous pouvons avoir la chance d'observer un autre oiseau charismatique au plumage et comportement étonnant... Son observation est passionnante.
- Le tétras Lyre :

Difficile à observer, « le petit coq de Bruyère » (faisant référence à son cousin le Grand Tétras), cet oiseau vit entre les forêts et les pelouses alpines.
L'espèce
présente un dimorphisme sexuel important. Le mâle possède un plumage noir
luisant à reflets bleus et une queue blanche en forme de lyre (d'où son nom). La
femelle possède quant à elle, un plumage plus discret, brun strié de noir et
une queue légèrement fourchue.
Le Tétras-lyre est un animal polygame. Au printemps, les mâles rentrent en compétition sur des sites de parade traditionnels, les places de chant, où ils développent des exhibitions spectaculaires allant jusqu'à des combats et où ont lieu les accouplements.
En marchant, votre attention peut être attirée par son roucoulement prolongé qui résonne dans les combes. Du haut de son perchoir, le Tétras Lyre est très discret mais son chant trahis sa position. Alors une approche (non excessive pour ne pas le déranger) est possible « à l'oreille ».
Le saviez-vous ? En hiver, le tétras lyre passe le plus clair de son temps réfugié dans des igloos creusés dans la neige pour se protéger du froid. Le dérangement hivernal par les loisirs « hors piste » dégradent leur condition physique en les faisant fuir, ce qui représente une forte mortalité des populations.

Nous arrivons dans les pelouses alpines ! Nous continuerons notre randonnée ornithologique dans le prochain article et pourrons découvrir ces oiseaux se camouflant dans les rochers, planant vers les cieux...
D'ici là, vous pouvez déjà programmer vos futures rando ornitho afin d'admirer les oiseaux présentés dernièrement et beaucoup d'autres. Je me ferai une joie de vous guider et vous faire découvrir ses espèces emblématiques de nos forêts/montagnes.